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Témoignage pervers narcissique

3 octobre 2017

Mon témoignage

Mon témoignage inclu aussi d'autres témoignages de victime de pervers narcissique.

 

 

« Te manipuler pour te détruire »

 

 

 

« Tout beau, tout rose »

 

« Le pervers narcissique entre en relation avec l'autre pour le séduire. Il séduit physiquement parfois mais surtout intellectuellement. Il est avenant, sécurisant, sûr de lui… Surtout lorsqu’il est face à une personne qui n’est pas très sécurisée. Il commence par vous encenser. Vous êtes le meilleur, le plus doué, le plus cultivé… Personne d'autre que vous ne compte pour lui (il n'hésite d'ailleurs pas à dire la même chose successivement à plusieurs personnes). Il change de masque suivant les besoins, tantôt séducteur paré de toutes les qualités, tantôt victime faible et innocente. Il a un souci scrupuleux des apparences, donnant le plus souvent l’image, valorisante pour son ego, d’une personne parfaite, image qui cache son absence d’émotion, d’amour, de sincérité et d’intérêt pour tout ce qui n’est pas lui. Il ne s'intéresse pas à la réalité, tout est pour lui jeu d'apparences et de manipulation de l'autre. »

« Ce qui est étrange, c’est que, lorsque nous nous sommes rencontrés, en fac de médecine, Grégoire ne m’a pas plu. J’ai eu une très mauvaise intuition. Il était plutôt froid, arrogant, prétentieux. Pas du tout mon type ! Et puis, tout à coup, un jour où ça n’allait pas fort, je crois, il s’est rapproché de moi. Et il s’est montré très gentil, prévenant, comme s’il voulait m’aider, me soutenir. Ce premier revirement a engendré la première confusion, le premier sentiment de culpabilité. Déjà, je ne comprenais pas. Déjà, je me disais que j’avais eu tort, que je m’étais trompée sur son compte. C’était un homme bien et j’avais pensé le contraire. »

« Mieux encore, il me choisissait. Moi ? Moi qui n’avais aucune confiance en moi ? J’avais la sensation d’être une privilégiée. Il était si séduisant, il impressionnait, il en imposait. J’avais le sentiment qu’il me faisait une fleur. Est-ce que j’étais heureuse ? Peut-être. Flattée en tout cas. Il me donnait ce dont j’avais besoin, ce dont j’avais envie. De l’assurance d’abord, de l’entrain. Il me faisait croire qu’avec lui, tout irait bien. C’était une bouffée de bonheur et d’oxygène. Mais un mensonge. »

 

Quand je rencontre R., j’ai 26 ans, je me relève tout juste d’une relation difficile. Nous sommes au mois de novembre, je suis dans une phase où j’ai repris confiance en moi : job, belle vie de célibataire, une famille unie et des amis chaleureux.

Je me suis dit dans une premier temps, en le voyant « qu’il était trop bien pour moi », il m’impressionnait. Nous buvons quelques verres en terrasses. Il m’avoue tout de suite qu’il est en instance de divorce, il a aussi 26 ans, elle est partie au bout de 6 mois de mariage. Ca ne me met pas la puce à l’oreille. Je sens que je peux lui parler moi aussi, je lui confie mon côté triste et mélancolique parfois. Nous continuons la soirée chez lui, nous buvons une bouteille de champagne et nous consommons la nuit. La tendresse n’a pas l’air d’être son fort.

Il sait dès notre deuxième rencontre que je prends des antidépresseurs : il tombe sur les cachets dans ma table de chevet. Il est hyper compréhensif : il a trouvé MA faille, MA peur, il me rassure énormément, et je me sens incroyablement bien d’être comprise, de trouver un homme qui accepte ce versant « triste » de ma personne.

On aurait dit l’homme idéal : beau, bon job, gentil, très attentionné, avec une famille aimante…

Tout mon entourage l’adore, le trouve parfait. Il me complimente souvent, « je n’ai jamais eu l’habitude de me promener avec une fille aussi jolie ».

Il m’offre des fleurs, des bijoux, me fait des massages…

Sexuellement, il est toujours disponible, comme dans la vie de tous les jours d’ailleurs, réponse du tac au tac au téléphone, aux sms.

Il est hyper présent.

Au bout de 1 ou 2 mois, il me dit déjà « je t’aime » , nous étions en terrasses avec des amis, ce n’était pas vraiment approprié, mais je me suis sentie si heureuse. En même temps, une petite voix dans ma tête me dit : « c’est étrange que ça soit aussi rapide », au fond de moi, j’ai un peu peur.

1 mois après notre rencontre, c’est le nouvel an,  il ne se pose aucune question et vient avec moi et mes amis. Je découvre qu’il a peu d’amis, qu’il est très peu entouré à part sa famille, il ne créée pas vraiment de lien durables avec les autres.

 

« Le pervers narcissique est un individu, comme les autres de prime abord. En réalité, est cachée au fond de lui une force manipulatrice innée dont il se sert sans modération, après avoir tout mis en œuvre pour séduire et gagner la confiance de sa partenaire. Il est brillant, rusé, intelligent et sait particulièrement bien dénicher ses victimes et cerner leurs faiblesses. Ces pauvres victimes, sont, dans un premier temps, subjuguées par le rêve que leur vend ce malfaiteur des cœurs. Et, ne voyant pas venir le danger (quel danger ? Il est beau, intelligent et m’offre pplleeiiinn de cadeaauuuxx), s’offrent naïvement et entièrement à leur futur bourreau. »

 

*

 

Tomber progressivement le masque

 

Très rapidement, il me dit qu’il veut venir vivre chez moi, fait le forcing. Je lui dit de patienter, et ça l’énerve.

Sexuellement, il me parle énormément de sodomie, me dit qu’il adore ça et qu’il souhaite que je le fasse. Je disais un NON décisif : je ne me suis jamais sentie de passer à l’acte. Un soir, alors que j’avais bu, on le fait pour la première fois. L’alcool m’a certainement empêché d’avoir mal.

Progressivement, il en a marre des sorties, marre de mes amis. Il commence à les critiquer, un par un. C’est avec l’amie plus fragile, la plus sensible, qu’il est le plus dur.

Nous partons à Paris, c’est magnifique : nous visitons, et nous rencontrons mes amis parisien. Il est agréable au début, et au fur et à mesure que la soirée continue, il commence à être énervé, dit qu’il veut se coucher. Je rentre avec lui, moi qui adorait passer des moments conviviaux entre amis. Ce WE là, il me fait une merveilleuse surprise, dîner en bateau sur la seine. Je suis aux anges. Nous logeons ensuite dans un hôtel merveilleux.

Au travail, je suis reçue pour entrer dans un nouveau parcours de formation. Une semaine avant de commencer et surtout de passer un EVJF avec mon ancienne meilleure amie, je me bloque le dos. Je suis en arrêt une semaine. Il est à mes côtés chaque jour, en sauveur, m’amène chez le kiné…

Nous partons en vacances en Croatie avec deux amies au bout de 5 mois de relation, un détail aurait dû m’alerter. Il m’invite à danser la salsa, qu’il sait très bien danser, pour m’apprendre. Je ne maitrise pas cette danse. Au bout d’une minute, il s’énerve assez durement contre moi : « tu n’y arrives pas, tu ne fais aucun effort ». Avec une grande méchanceté. Il invite quelques minutes après mon amie qui sait danser cette danse, et danse devant moi avec elle. Il dira que j’ai fait une crise de jalousie : non, c’était déjà la première petite alerte, mais je n’ai rien vu : tout était de ma faute de réagir si fortement.

Jusqu’ici, malgré tout, tout va bien. Il me répète sans cesse qu’il m’aime depuis cette première fois où il me l’a dit. Mes propres problèmes personnels de tristesse disparaissent.

Sexuellement, c’est toujours aussi abrupte, il ne sait pas ce que signifie la douceur, il n’y arrive pas. Je pense que dans une relation il faut aussi qu'il y ait de la douceur. Il devient de plus en plus insistant sur la sodomie. Nous l’avons refait, et je lui dit que j’ai mal. Que pendant plusieurs jours j’ai mal. Après avoir fait cela, il prend son air triste « ça va quand même ? je t’aime ma chérie ». Malgré ma douleur, il insiste, et toutes les 3 ou 4 semaines, il revient à la charge pour le faire. Je culpabilise de ne pas aimer ça, de ne pas lui donner satisfaction. Il continuera tout au long de notre relation d’un an et demi à me « harceler » avec ça. Ces rapports sont représentatifs de notre relation : Je me souviens de son visage qui prenait tant de plaisir, au moment où j’avais le plus de douleur.

Le temps passe et il se fait de plus en plus pressant sur l’aménagement. Je découvre progressivement une autre facette de lui : il fait de plus en plus la tête, devient plus souvent désagréable. Ma tristesse réapparait progressivement.

 

*

 

Son vrai visage

 

« Qu’il soit séducteur ou pervers narcissique, le manipulateur répond toujours à un même mécanisme. Le but est de dominer, de mettre une ou plusieurs personnes sous son emprise, d'avoir à sa disposition quelqu'un dont on va faire ce qu'on veut, dont on va se servir comme d’une marionnette.  Le manipulateur va utiliser la séduction pour attirer sa proie : il apporte beaucoup à la personne, la bombarde d'amour, lui dit que ça va être merveilleux, bref c'est une première phase de séduction comme du miel pour attirer une abeille. Ça ressemble à une séduction amoureuse, mais c’est en fait une séduction narcissique : le manipulateur se montre très beau, très protecteur, promet des tas de choses pour illusionner la personne. Ce qui différencie le pervers narcissique du séducteur, c’est le but recherché :
Le pervers narcissique séduit sa proie mais il la conserve ensuite car ce qu’il  aime avant tout c’est détruire l’image de sa victime. Dès que le poisson est « ferré », il le maintient tout simplement « accroché » tant qu'il en a besoin. Il joue avec sa victime au chat et à la souris, faisant patte de velours pour mieux la tenir, puis sortant ses griffes lorsqu'elle cherche à s'évader. Ces éloges et ces protestations d'attachement lui permettent de mieux « vous couler » ensuite en jouant sur l'effet de surprise, et de vous atteindre d'autant plus que vous ne vous attendiez pas à l'attaque et qu'il a en outre pris soin de choisir précisément le moment où vous pouviez le moins vous y attendre. Tout tourne autour de lui et surtout tout doit s'arrêter quand il n'est pas là. Il est dans le contrôle total de l'autre, voire des autres.
Le séducteur manipule sa victime parce qu’il a besoin de se rassurer sur ses capacités de plaire et de séduire. Le séducteur est un collectionneur d’aventures. Une fois qu'il a conquis le cœur d’une personne, celle-ci ne représente plus rien à ses yeux et va rechercher une autre victime à séduire. Il ne va pas chercher à s’impliquer dans une relation à long terme. Il prend et il jette ! »

« Car le cercle vicieux n’a pas tardé à commencer, me perdant un peu plus chaque jour. Le comportement de Grégoire était insensé. Cyclique, plutôt. Car il y avait toujours ces mêmes phases qui recommençaient sans cesse. La phase romantique, de séduction, où tout allait bien, il était amoureux. Puis elle s’estompait parce qu’immanquablement, je le décevais (un vêtement, un mot, peu importe). Alors, commençait la dévalorisation, la culpabilisation, l’humiliation, et pour finir l’agressivité. Et puis, parce qu’il avait besoin de moi, parce qu’un bourreau a toujours besoin d’une victime, il acceptait de revenir, il daignait recevoir les excuses que je ne manquais jamais de lui présenter. Nous pouvions alors être amoureux de nouveau. Avant que, immanquablement… »

 

Eté 2016 : il tombe le masque. Nous sommes en WE au camping avec des amis, je fais la « fofolle » comme à mon habitude, j’amuse la galerie. Je pense que ce moment est la dernière fois où je me suis amusée librement, où j’ai ressenti du bonheur. D’un coup, il s’énerve et quitte le groupe. Son fascièsse a changé et dégage une haine immense :

« tu me fais honte, ça me fait chier d’être ici, je te supporte plus, je supporte plus tes amis, vous êtes tous des alcooliques ».

Tous mes amis partent au restaurant, moi je reste avec lui en pleure. Je suis dévastée de sa réaction, et une grande peur me prend : qu’il me quitte. Nous passons la soirée tous les deux,  à nous balader à côté de la plage. Il se calme progressivement, et en pleure, par peur, sous la contrainte et la menace, je lui dit « viens vivre chez moi ». Le début de l’enfer.

Il est immensément heureux. Il a réussi : je suis éperdument amoureuse, j’ai peur qu’il me quitte, je l’invite à vivre chez moi, Je délaisse mes amis pour être à 100% à lui.

Cet été là, en rentrant du puit du fou, qu’il adore, il m’a dit en pleurant qu’il me trouvait bête parfois.

Vient le temps des préparatifs de l’aménagement. Nous n’avons pas les mêmes goûts de décoration. Si j’ai le malheur de dire que je n’aime pas quelque chose qu’il aime, il rentre dans une colère. Comme me l’ont fait remarquer mes parents : mon appartement deviendra le sien. Tout sera bois et métal, à son image. Aucune touche pastel, blanc, scandinave que j’adore.

Moi qui réalisait souvent des réceptions, des fêtes, elles se font maintenant très rares. Très rares car j’ai peur : je fais tout pour ne pas le contrarier. Le quotidien est monotone, et si on ne regarde pas le même programme tv le soir, il dit que ça ne va pas, que notre couple ne fonctionne pas.

Au même moment, je suis transférée dans un autre service dans mon travail. Les débuts ont été très compliqués. Quelque chose en moi avait changé : je me méfiais des gens, de leur malveillance envers moi. Je me faisais des films. Lui au début était très présent, il m’offrait des fleurs, me rassurait. Il me disait que ma chef était mauvaise avec moi, que je n’avais pas à subir ça.

Le vendredi soir, il est absent, chez ses parents. Le vendredi soir était la soirée où je prenais deux bières avec mes copines. Plus le temps a passer, et plus ce vendredi soir est devenu synonyme d’alcoolisation excessive.

Il ne cesse de me faire des reproches : on ne fais pas assez de choses ensemble –avec le recul, c’était pour m’éloigner de mes amis-, quand on en fait, ce n’est pas assez bien... Je ne suis pas assez calme, j’aime trop sortir, je suis trop expansive… Tout ce qui l’a séduit au départ devient un défaut. Progressivement et insuidieusement : je me recroqueville sur moi-même, je m’éteins.

Je me souviens des fois où il m’a dit « mais si tu vas bien, à quoi je sert moi ? », « si tu changes de traitement et que tu vas bien tout le temps, je ne vais plus servir à rien » et il se mettait à pleurer.

Je l’oriente vers un psychologue. Je ne le savais pas, mais à partir de ce moment là il commencera à tenir un journal intime.

Nous nous rendons un jour à un spectacle qui lui tenait beaucoup à cœur, au Liberté. Je suis prise d’une forte douleur de règles au milieu du spectacle, c’était horrible : il fallait que je trouve des toilettes, de l’antadys et mon lit. Il est rentré dans une colère noire « tu le fais exprès, pour une fois qu’on fait des choses tous les deux ». Je suis abasourdie, anéantie. Je suis encore la coupable.

Chaque jour, j’ai le droit à un reproche : tu devrais faire comme ça, tu ne fais pas bien ça…

Nous fêtons le nouvel an avec mes amis. J’avais le sentiment d’avoir passé une bonne soirée, mais j’ai ensuite, une fois qu’il s’est couché, bu énormément. Une fois rentrée chez nos amis, j’étais complètement alcoolisée vers 7H du mat, je pleure, parle de suicide, et le supplie de me ramener à la maison. Pourquoi ?

Deux ou trois semaines après, mes 3 amies les plus proches me prennent entre 4 yeux : « Gladys, on ne supporte plus la façon dont il te traite, dont il te rabaisse sans cesse. C’est inacceptable ». J’étais très étonnée, je ne voyais même pas de quoi elles parlaient. Mais cela m’a mis une première puce à l’oreille.

 

*

 

La mort dans l’âme

 

« Le piège, il est là, je crois. Grégoire pouvait être un ange. Et c’est cela que je voulais retrouver. Ou ne jamais perdre. Je devais tout faire pour le rendre heureux, cet homme, lui plaire, le garder, le contenter, le satisfaire. Peu à peu, on s’oublie, on disparaît, sans s’en apercevoir. On ne réfléchit plus, on devient un pantin. Et surtout, on a peur.

Je vivais dans la crainte qu’il m’abandonne. J’étais sur le qui-vive en permanence, j’anticipais chaque situation. Surtout, surtout, ne pas le froisser, ne pas le contrarier. Parce qu’alors, les conséquences seraient douloureuses. Et puis, oui, j’avais peur de le perdre. Quand on entend qu’on n’est rien sans l’autre, sans doute finit-on par le croire…

Le truc, c’est qu’il est impossible de comprendre un comportement qui n’a pas de sens. Alors, je lui trouvais des excuses. Je me disais que Grégoire était un homme en survie finalement, qu’il manipulait parce qu’il s’était senti délaissé par des parents absents, mis de côté par ses frères. Je croyais qu’il avait une faille, comme moi, mais que lui vivait selon un schéma « C’est eux ou moi ! » Et puis, pour que tout ça reste vivable, tenable, il n’y a pas d’autre choix que de penser que le problème vient forcément de soi. Sinon, faute d’explication, le risque est de tomber dans la folie. »

 

Chaque jour, je commence à me sentir de plus en plus déprimée, fatiguée et très anxieuse. Depuis qu’il a aménagé, je ne fais plus une nuit complète. Nous avons, mes amis, ma famille, lui et moi, mis tout cela sur le compte du travail. Je commence a faire un généralisé. Mon dos commence à se bloquer très régulièrement. Je suis épuisée.

Nous partons au ski, non sans crainte pour moi de passer une semaine avec sa famille, mais celle-ci s’est révélé d’une gentillesse incroyable. Son frère aîné m’a appris le ski pendant deux jours. Chacun me félicitait de mes performances, sauf lui. Le troisième jour, je suis seule avec lui sur les pistes. Je rate une descente, je ne m’arrête pas assez vite. Il arrive vers moi en furie « tu fais n’importe quoi, je n’en peux plus de toi ! on t’a appris quoi pendant deux jours ? je me casse, débrouille toi », je suis en pleure, je suis anéantie. Quant la personne que l’on aime le plus-entre autre- nous traite de la sorte, c’est une douleur et une angoisse terrible qui en ressorte.

Bien sûr, comme après chaque fois où il déborde, il s’excuse…

Plus le temps passe et plus mon caractère change : moi, la fille si expansive, si à l’aise en société, je n’y arrive plus. Je me sens mal à l’aise presque partout et tout devient un calvaire. Lorsque nous sommes ensembles, il prend toute la place et moi je suis effacée telle une petite fille peureuse derrière lui.

Non, il n’y a pas de coup, non il n’y a pas claque. Il y a cet harcèlement psychologique et sexuel, qui, insidieusement, vont changer la fille que je suis. Proie facile : sensible et fragile, il prend toute la joie qu’il me restait.

Je suis mutée, à mon grand étonnement, a un poste assez prestigieux dans mon entreprise, à 1h de chez moi. Il commence tout de suite à me parler de déménagement, d’acheter une maison là bas. Pour lui, il n’y a pas de présent, pas vraiment de passé car il n’en a pas tiré de leçon, mais un futur : constamment dans la projection, il fuit le miroir dans lequel je lui ai parfois imposer de se regarder.

Malgré toutes ces tentatives pour me dégoûter de mes amis, les plusieurs attaques faites à ma mère, il ne parvient pas à m’éloigner d’eux.

Pendant tout ce temps, je ne parle pas, ou alors très peu.

Pour mon anniversaire de l’année 2017 : il m’offre un weekend dans un loft à Nantes, avec jacuzzi car il sait que j’adore cela. Je n’ai jamais eu autant besoin de massage, balnéo, jaccuzzi etc que pendant la relation avec lui. Lorsque nous entrons dans cet appartement à Nantes, le malaise s’installe. Il fait tout noir, sombre. Un grand lit, une bouteille de champagne. A coté du lit, une boite avec un masque, des menottes, un fouet : « joyeux anniversaire ma chérie ». Heureusement qu’il y avait du champagne pour que j’oublie ce cadeau pervers. Cet après-midi là, nous jouons a un jeu de carte –sexuels bien sur- action ou vérité. A la question « ton meilleur souvenir sexuel », il me raconte « la fois où je suis rentré et j’ai pris mon ex petite amie Hélène debout, elle était en mini jupe et cuissarde, et que je l’ai enculé »… J’ai eu très mal. Et c’était encore une manière de me faire plier encore une fois à la sodomie, chose que j’ai réalisé ce soir là, pour mon anniversaire. J’ai eu mal pendant plusieurs jours et j’ai pleuré. Il m’a promis en pleurant le lendemain que plus jamais il ne me demanderait cela : ne vous inquiétez pas : il a recommencé.

Je vais de plus en plus mal. Mais je reste. Grande dépendante affective que je suis : jusqu’où aurais-je pu aller ?

Un jour, il est promu et gratifié d’un stage à Paris dans son entreprise. Il commence à se sentir très heureux, très bien. Moi je sombre. Il commence à s’éloigner de moi : la proie est vidée, elle a perdu toute l’estime d’elle, la joie en elle, elle n’est plus intéressante.

Il me quitte une première fois : j’en suis malade. J’ai ses parents au téléphone le matin, sa mère me dit qu’il est malheureux à cause de mes hauts et mes bas, que je suis malade à vie. Le lendemain, il arrive avec son visage glacial et fermé, je parle pendant une ou deux heures en lui disant que, encore, je vais changer, faire des efforts.

Après avoir vu son psy, il me propose un break. Cet après midi là, je vomis au travail, et je n’y retourne pas le lendemain. C’est à ce moment là que j’ai commencé à tout dire à ma famille, mes amis, qui ont tous été choqués.

Une semaine après, je lui disais de déménager.

 

 

*

 

Survivre, revivre

 

J’ai perdu 10kg en l’espace de 1- 1.5 mois. J’ai vomis chaque jour pendant deux semaines. J’ai eu trois jours d’arrêt de travail. J’étais shootée au xanax pendant 1 mois.

Le soutien familial et la reconnaissance du statut de victime par l’entourage permet de s’en sortir. Mon psychiatre et ma psychologue m’ont beaucoup aidé aussi. Ma médecin généraliste, elle, m’a pris pour une folle.

Nous sommes le 3 octobre 2017, voilà 3 mois que j’ai exorcisé ce mal. J’ai compris qu’une personne comme lui n’a aucun affect, mon père me l’a répété tant de fois que cette parole reste dans ma tête et m’aide à m’en sortir. J’ai pourtant cru à ses pleures, cru à sa gentilesse. Je me suis fourvoyée.

J’ai rencontré son ex-femme pendant cette période de guérison. Elle m’a confirmé le mal, le contrôle, les abus sexuels, le climat d’insécurité et de méchanceté dans lequel nous avons chacune évoluer. Elle m’a beaucoup aidé à comprendre que le problème c’était lui, même si encore aujourd’hui je me sens parfois mal.

Il a fait générer des émotions négatives chez moi, qui n’existait pas avant, tel qu’envier les autres.

Il m’a transmis le fait de penser que ma vie est nulle, que l’herbe est plus verte ailleurs. Je peine à me débarasser de cela.

Il a fait de moi quelqu’un de moins bon, mais je sais que cela ne durera pas.

Il a accentué la dépression, l’anxiété.

Après 5 ans, je viens d’arrêter les antidépresseurs. Je prends dorénavant un stabilisateur d’humeur que j’espère arrêter aussi.

Pendant les derniers mois de notre relation, j’ai eu de l’urticaire, des blocages de dos incessants, et je dormais extrêmement mal.

Aujourd’hui je n’ai plus aucun de ces symptomes, j’ai retrouvé ma sérénité.

J’ai rencontré quelqu’un très tôt après notre séparation. Ça n’a pas été simple pour lui, je ne cessais de pleurer.

Notre cerveau s’habitue à la maltraitance et notre corps aussi. Je suis souvent surprise de la gentilesse que cet homme me témoigne et sa façon de me faire l’amour, plutot que de me baiser salement. J’ai redécouvert la douceur, l’envie, les caresses...

A côté de cela, au travail cela se passe mal, ma chef me reproche le fait d'avoir été mal après ma rupture... Ahaha, quel monde merveilleux de personnes sensibles et humaines ;-)

 

Espérons que 2018 sera une meilleure année! :-)

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